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XVIII


Plusieurs jours se passèrent sans que Valentine pût rejoindre sa belle-sœur. Elle était toujours sortie, ou n’était point visible. Justement offensée de cette affectation à ne la pas recevoir, madame de Saverny n’insista plus, et se refusa même le plaisir de voir son frère, dans la crainte d’être obligée de répondre aux questions qu’il lui ferait probablement sur le motif qui l’éloignait de sa femme. Cependant l’ayant rencontré un soir chez la princesse de L…, et s’étant approchée de lui pour lui témoigner ses regrets d’être restée si longtemps sans le voir, elle fut très-étonnée d’en être accueillie d’un air sévère, et de lui entendre dire qu’il était tout naturel de sacrifier ses amis à ses adorateurs. Elle se serait justifiée sans peine d’une aussi injuste accusation, si les témoins qui les entouraient le lui avaient permis. Mais les réunions du grand monde ont cela de particulier, qu’on y peut toujours lancer une injure, et jamais entrer en explication ; de là vient l’habitude que tant de gens d’esprit ont contractée, de se justifier d’un tort par une épigramme.

Tourmentée par de pénibles réflexions, Valentine pria la princesse de la dispenser de faire une partie, et se plaça auprès de sa table de jeu. Le comman-