Page:Nicaise - Les terres disparues, 1885.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

tout ce qui pouvait y vivre, tout ce qui était en relief, et achevant par en haut l’œuvre commencée par le cataclysme souterrain. Des détonations que n’avaient entendues encore aucune oreille humaine, dans ce pays où pourtant le sol s’agite si souvent, ébranlaient la terre. L’atmosphère était chargée de cendres, l’obscurité complète à ce point qu’à Batavia, située pourtant à 150 kilomètres de Krakatoa, on ne put sans lumière circuler dans les rues.

Les navires qui se mouvaient dans un vaste cercle autour de ce point subirent des secousses terribles et eurent l’illusion d’un choc et d’un naufrage sur des rochers, et cependant ils voguaient au-dessus de grandes profondeurs.

Sous un ciel terne, aux lueurs lugubres et effrayantes, leur pont était couvert de près d’un mètre de cendres, qui pleuvaient sans cesse.

Tous les éléments étaient bouleversés, comme si notre planète dût sombrer en morceaux dans les profondeurs de l’immensité.

Le 27 décembre 1883, c’est-à-dire quatre mois après ce cataclysme, le navire l’Emir, faisant route de Batavia vers Singapore, donna dans un banc de pierre ponce recouvrant la mer aussi loin que la vue pouvait s’étendre. Ces pierres aspirées par les turbines empêchèrent la marche du navire, et il mit trois heures à traverser ce banc flottant.

On sait aujourd’hui que la pierre ponce est