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fection et de conseils. L’artiste a suivi une ligne tracée ; le bohême, s’est abandonné au hasard. L’un a trouvé sous ses pas la route faite ; l’autre s’est traîné par des sentiers tortueux. Celui-ci cueillait des fleurs ; celui-là se meurtrissait aux épines. On criait bravo à l’artiste ; on huait le bohême ; sous le nez du premier, la foule brûlait son encens ; le nez du second ne humait que la fumée du tabac…

Et la société exigerait les mêmes devoirs de ces deux hommes ? et leur compte, devant Dieu, serait égal ; non, la récolte pour chacun est selon la semence…

Mais, si l’homme bohême est un objet de pitié, que sera la femme bohême ? jeune, elle vivra sur les générosités de ses amants ; délaissée, elle descendra des sommités du luxe dans la fange.

Si dans la société, ce sublime précepte : « Aimez-vous les uns les autres » était mis en pratique, il n’y aurait pas, dans chaque ville, une masse flottante d’individus, hommes et femmes de tous âges, livrés au va et vient de l’aumône. Ce qui manque au principe social, c’est l’esprit de corps, la solidarité. Le rouage général marche assez régulièrement, on dirait,