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L’ouvrière, elle, n’a pas de ces tentations ; mère de famille, ses joyaux, ce sont ses enfants. Non qu’elle soit insensible au spectacle de la nature, aux délassements de l’esprit, mais d’autres existences la rivent au devoir. Jeune fille, la prudence de sa mère l’a arrachée aux séductions du vice, et, comme il lui a été fait, elle fera. Quel courage et quelle sérénité en cette femme ! Sa couvée est nombreuse, son zèle suffit à tout !… ses enfants l’aiment, ses voisins l’estiment, les indifférents la respectent, le travail la sanctifie !…

C’est dans une famille ouvrière honorée qu’il faut s’arrêter pour constater l’efficacité morale du travail. Si le père et la mère s’entendent, la ruche est riche en bons fruits ; si, au contraire, la désharmonie est entre eux, les garçons vont d’un côté, les filles de l’autre ; ceux-ci contractent des vices au cabaret ; celles-là sacrifient leur honneur pour quelques colifichets. Souvent les garçons encourent des peines infamantes ; les filles, elles, elles vont à l’infamie… Les apprentis voleurs, les jeunes prostituées, sortent des mains de parents insouciants. L’exemple du bien leur a manqué ; ils ont eu l’exemple du mal et personne, dans un milieu égoïste, n’a pris charge d’eux, ne s’est