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ni de leur corps ni de leur âme. On les voit sur la place publique autour des bateleurs et des saltimbanques, dans les prisons et les hospices, partout où le vice est séquestré, où l’abjection est prise en pitié. Ne demandez pas à ces créatures ce que sont leurs enfants ; si elles les allaitent, c’est pour les exposer aux regards des passants qu’elles apitoyent en se créant, par l’aumône, les moyens de vivre sans travail. Les maisons de correction, les maisons centrales, se remplissent de ces épaves humaines. Lorsque le vice est dans le sang, pour en détruire le germe, il faut arracher le nourrisson au sein de sa mère et lui donner un lait qui lui refasse un corps sain et une âme pure.

Enlever le nouveau-né à sa mère dépravée, c’est couper court à la contagion ; confier le petit enfant à des mains pures, ce n’est pas seulement le soustraire au vice, c’est lui inoculer la vertu et faire comme l’habile jardinier fait pour la faible plante qu’il étaie.

Aux femmes dévouées, cette première tâche de mères, deux fois mères ! À la société tout entière, le patronage des orphelins du sort.

Et si nous avons pris dans la lie du peuple des enfants sans appui, des âmes sans guides, hâtons-nous