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Messieurs qui réglez tout, ne pensez-vous pas que l’heure de la réparation soit venue ? La vie ainsi employée à cumuler intérêts sur intérêts, chiffres sur chiffres, est-elle bien ce que vous avez rêvé pour vous d’abord, pour vos fils ensuite ? Vous n’avez plus souci de plaire, où trouveriez-vous le temps d’aimer ? La courtisane que l’argent paye, suffit à votre fantaisie ; vous la prenez sans passion, vous la quittez sans peine, comme vous feriez d’un vêtement. D’amour, vous n’en avez que pour l’argent, et les compagnes qui, de leur dot, paient votre nom, ne mettent pas plus leur cœur dans la balance que vous n’y mettez le vôtre.

L’égoïsme est l’hydre du siècle, c’est un fait. La cupidité tend à troubler l’ordre social, c’est un autre fait ; et pourtant, les élans généreux, les sentiments honnêtes ne sont pas étouffés, ils sommeillent. Réveillons-les sans jeter anathême aux chercheurs d’or, aux aveugles trafiquants de finance ; crions halte à l’ambition de tous ; le bonheur n’est pas dans l’ivresse, il est dans le calme.

La femme non pas vendue mais donnée, les époux non pas étrangers mais unis ; la famille non plus une