Page:Niboyet - Le vrai livre des femmes, 1863.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

femme ; les temps religieux, leurs vierges martyres ; notre siècle, si fécond en toutes choses, n’aura-t-il pas, pour régénérer la société, des mères dignes d’exercer dans la famille le protectorat de l’enfance, le sacerdoce de la morale ?

Du plus bas au plus haut échelon social, les qualités de la mère réagissent sur son entourage. Catherine de Médicis fit Charles IX, Jeanne d’Albret fit Henri IV. Sous son pinceau, Corregio eut l’inspiration d’une femme. Raphaël fut grand par sa Fornarina ; Hildebrand prit conseil de la princesse Mathilde ; Dante grandit par Béatrix ; Pétrarque n’eût pas chanté sans Laure, et tout homme, en évoquant son passé, trouvera au fond de son cœur, uni au nom d’une femme, le souvenir doux ou cruel d’un sentiment qui a marqué sa destinée.

Tout se traduit en chiffres de nos jours, en face de l’avenir. Les écoliers quittent leurs jeux pour suivre le cours de la Bourse. Les étudiants échangent leur insouciance contre l’intérêt. Les mariages se traitent au comptant. On cote le talent, la réputation, la gloire ; c’est une course à l’or, un enivrement d’égoïsme : le chacun pour soi absolu.