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mille, où chacun était libre et solidaire à la fois, m’a fait supporter, avec courage, les injustices dont j’ai été l’objet.

Depuis quatorze ans, je n’ai pas cessé d’écrire ; mais je n’ai pas signé dix articles de mon nom. La vie, de jour en jour, m’eût pesé davantage sans une amie qui s’est constituée ma providence ! Celle-là n’est pas de mon pays, elle diffère avec moi de convictions ; mais son âme à toutes les vertus, son esprit tous les charmes, son cœur toutes les bontés, et si Dieu, dans sa mansuétude, accorde parfois l’appui d’un bon ange à ceux qui sont travaillés et chargés, cette amie est certainement l’ange de ma destinée ! J’ai dû à sa douce influence mon courage dans l’adversité, comme j’ai dû au souvenir de mon père et de ma mère les sentiments d’honneur qui sont en moi. Malgré les difficultés de mon existence, j’ai goûté dans la famille, près de mes sœurs chéries, de mon frère, de mes neveux et nièces, toutes les joies intimes du cœur !

Mon fils, à la fois mon espoir et mon orgueil, s’est déjà fait un nom, comme écrivain. Trop jeune, en 48, pour avoir pu m’arrêter sur la pente où je m’étais