Page:Niboyet - Le vrai livre des femmes, 1863.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 235 —

Quelques impatientes ne se tinrent pas pour satisfaites de ces réunions, et, visant au club (je ne sais dans quel but), allèrent, sans me prévenir, louer une salle (la salle des spectacles-concerts), en arrêtèrent le prix, fixèrent le jour de la première réunion, et vinrent m’informer de ce qu’elles avaient fait.

Le produit des séances devait nous fournir les moyens d’organiser le travail. Je n’étais appelée qu’à présider. Vaincue par la majorité, je m’inclinai et, à deux jours de là, je tenais la première séance d’un club violemment attaqué, que j’eus le courage de présider avec calme, bien que le trouble fût dans mon âme, le découragement dans mes esprits.

Le premier jour j’hésitai entre m’en retourner ou rester ; la crainte de manquer à un devoir ou de commettre une lâcheté, me livra au public… De toutes ces femmes qui avaient promis de me seconder, quatre ou cinq, je crois, furent là, qui laissèrent peser sur moi la responsabilité de notre tentative. Que de clameurs, que de tumulte ! Une heure de pilori m’eût paru moins douloureuse que cinq minutes de cette violente lutte. Nos ennemis, à ma vue, se frottaient les mains et cherchaient, par tous les moyens, à m’intimider…