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les femmes, de les éduquer. Un cœur droit, un vrai courage pourrait faire cela.

J’avais le cœur droit, j’eus le courage ; ce fut mon malheur, la tâche était au-dessus de mes forces… Ce même jour, mon imprimeur revint, me pressa, me sollicita, je fis un numéro spécimen de la Voix des Femmes. Il le prit, le publia, et, le succès dépassant toutes nos prévisions, avant la fin du jour mon salon fut érigé en tribune, mon appartement en salle de conférences. Je fus alors effrayée de la grandeur de mon œuvre, et je demandai à toutes ces femmes de me seconder, ne disant plus : mon journal, mais notre journal.

D’heure en heure le nombre des auditrices croissant. Celle-ci devenait secrétaire ; celle-là caissière ; d’autres enseignaient, organisaient ; nous cherchions à assurer du travail aux ouvrières. Là eût dû se borner notre action ; mais dans une administration naissante, où chacune se croyait des droits égaux, rien ne se régularisa. J’avais fait quelques enseignements intimes, numéro 12, rue Taranne. La salle contenait cent personnes, elle nous coûtait dix francs par séance, on payait dix centimes en entrant, l’enseignement était donc gratuit de notre part ?