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vinrent changer la face des choses. J’aimais Madame la duchesse d’Orléans, que j’avais vue, jeune mariée, arriver souriante, épanouie, dans ce palais des Tuileries que dorait à son entrée un splendide soleil !… Ses malheurs, ses vertus, son courage, m’avaient mis au cœur, pour cette noble femme, un dévouement dont je tentai de lui donner des preuves en 48.

La réforme électorale avait armé le peuple. Le roi vaincu abdiquait. On proclama la suspension des hostilités et la régence. — « La duchesse d’Orléans, — répétait-on de bouche en bouche, — va se rendre au Corps législatif avec le comte de Paris.»

D’intuition, une voix me disait : elle court à sa perte.

Prenant donc conseil de mon courage, je tentai de gagner les Tuileries, à travers les troupes échelonnées qui barraient les rues. À la hauteur de la Madeleine, le passage devint difficile ; plus bas, il ne fut plus possible, et je rentrai, la tête basse, ignorante des destinées réservées à la France. Selon mon sentiment, il s’agissait bien moins, pour Madame la duchesse d’Orléans, de se faire reconnaître au Corps législatif qu’acclamer par le peuple… Si du haut de son balcon, dominant la