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Après la rentrée des Bourbons, on tenait pour suspects tous les partisans de l’Empire. Lyon, que nous habitions, était, par sa position topographique, soumis à une active surveillance policière. Les arrestations s’y succédaient, les prisons y regorgeaient de citoyens honorables. Presque tous mes parents y furent mis, et je n’oublierai jamais l’impression, qu’enfant, je reçus en pénétrant avec ma mère sous les voûtes tortueuses de l’Hôtel-de-Ville, où nous allions visiter, en un lieu dit la cave, des êtres chéris qu’on y avait précipités. En ce temps-là ma religion c’était l’Empire, mon idole Napoléon premier.

Napoléon, pour se rendre à l’île d’Elbe, passa par Lyon. C’était la nuit ; mon père et mes frères veillaient. Ils coururent à la Guillotière, attendirent le passage de l’illustre voyageur, et, grimpant sur les deux marchepieds de sa voiture, lancée au galop : Sire, lui crièrent-ils, au revoir ! — Oui, mes amis, au revoir ! » répéta l’Empereur, en serrant ces mains inconnues qu’il sentait amies.

Au retour de l’île d’Elbe, la troupe soldée par Louis XVIII stationnait sur notre place et sous les portes cochères ; il pleuvait. Le peuple se mêlait aux