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patrie, en 1750, l’application de l’électricité à la télégraphie. Mon père, élève de la Faculté de médecine de Montpellier, épousa la fille d’un pasteur du Gard. La France en ce temps-là travaillait à sa régénération sociale. Mon père, enfant de Genève, accepta les idées nouvelles. Né libre, il acclama la liberté sans en excuser les excès, et bientôt, poursuivi comme modéré, il eût payé de sa vie l’austérité de ses principes, sans l’impénétrable refuge que lui assurèrent les Cévennes.

Lorsque l’échafaud eut cessé son œuvre fatale, mon père, rentré dans ses foyers, y éleva ses fils dans le respect et l’amour du vainqueur des Pyramides. Successivement mes trois frères servirent la France. Le premier, Louis Mouchon, aide de camp du général Teste, périt dans la première redoute de la bataille de la Moscowa. Le troisième, Émile[1], officier de santé, fut, avec la garnison de Dresde, envoyé prisonnier au fond de la Bohême :

  1. Émile Mouchon, chimiste distingué, membre de plusieurs Sociétés savantes, a été président de la Société de pharmacie de Lyon, jusqu’au moment où sa santé l’a condamné au repos. Il est l’auteur de plus de cent Mémoires publiés dans les journaux scientifiques.