Page:Niboyet - Le vrai livre des femmes, 1863.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 219 —

celui de l’ouvrier. Dans les prisons, la différence est encore plus grande. Les travaux y sont fournis par un entrepreneur qui paie le moins possible. Le prix courant de confection pour une chemise d’homme est de 30 centimes. La façon d’une grosse (douze douzaines) de pattes de bretelles se paie 20 centimes, et tout est à peu près dans la même proportion. Si l’on considère que de ce salaire on fait trois parts, savoir : un tiers, au profit de l’administration des prisons ; un tiers pour la masse de sortie, un tiers pour le prêt de semaine ; on trouvera au crédit de la détenue, sur 30 centimes par jour, 10 centimes.

Le travail, dans les prisons, est un puissant agent de moralisation : il faut déplorer l’état des choses qui, tout en venant en aide aux détenus, diminue d’autant la part des ouvrières libres. Depuis l’enquête commerciale faite pour le département de la Seine, en 1848, le relevé suivant a démontré que le salaire des femmes, dans l’industrie parisienne, sur cent un mille deux cent vingt-six, est au-dessous de 60 centimes par jour et par tête, pour 950.

Cent mille cinquante-neuf ont de 60 centimes à 1, 2 et 3 fr. Enfin, six cent vingt-six vont au delà de ce