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ment compte vingt-quatre mille indigents, s’ils sont pris mendiant, on les écroue pour leur donner un asile. La société est tenue d’accorder aide et protection à chacun de ses membres ; mais quelle reconnaissance lui devront ceux qu’elle abrite sous le toit d’une prison ? Libérés une première fois, après trois mois de détention, il leur est délivré un passe-port auquel on ajoute, au signalement d’usage, que le nommé X. sera tenu de se présenter, à son arrivée, aux autorités municipales. Une lettre administrative l’a devancé, le préfet est informé de son arrivée ; s’il ne se présente pas, la police le recherche. Et s’il arrive, lui ouvre-t-on un asile, pourvoit-on à ses besoins, a-t-il du travail ? Du travail à lui, vagabond ou criminel libéré ? à lui, tenu de se présenter au bureau de police ? Non, il n’a en perspective que la prison, et de là ses récidives, ses délits, ses crimes. Est-il adroit, intelligent, travailleur ? Qu’importe, quelques-uns le plaindront, nul ne voudra l’occuper.

Ainsi repoussé, abandonné, le libéré s’endurcit dans le crime, et se venge sur la société du mal que lui a fait la loi. On l’a abandonné sans prévision, il frappe sans pitié.