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La surveillance, après la prison, ce n’est pas la liberté, c’est la torture. Et si cette peine a de tels inconvénients pour l’homme, combien plus elle entrave la destinée de la femme ! Nous avons connu bon nombre de libérées, dans notre pratique des prisons, qui, d’avance comptaient le jour de leur rentrée sous les verroux. Elles préféraient la prison à l’internement, et disaient : « Nous ne partirons pas, nous attendrons qu’on nous arrête de nouveau, la prison nous donnera le pain qu’on nous refuserait ailleurs. » Et ces malheureuses rôdaient autour de la Préfecture de police pour faciliter leur arrestation.

Mais la loi ne frappe pas seulement de cette peine les criminels libérés de la prison, elle s’applique aux malheureux qui, sans domicile certain, sont arrêtés comme vagabonds sur la voie publique, parce qu’ils n’ont ni métier ni profession (Code pénal, art. 270).

Et pourquoi n’ont-ils pas de domicile certain ? parce qu’ils cherchent leur pain dans la rue et l’attendent de la pitié publique. Il faut bien le reconnaître, la charité la plus active ne parvient pas à extirper la mendicité, plaie vive de notre ordre social. À Paris, où afflue la misère de la France, un seul arrondisse-