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Et si la contagion du mal se communique de proche en proche, si le délit soupçonné est confondu avec le crime avoué, combien le funeste contact du vice ne sera-t-il pas plus puissant sur la femme que sur l’homme ? La prévenue surveillée dans sa cellule, est à moitié rachetée ; la condamnée associée à d’autres coupables, est sur le chemin qui aboutit aux récidives.

Que la loi confonde dans une même peine les grands coupables, qu’elle les associe pour le travail, elle fait acte d’humanité ; mais condamner à une commune réclusion les prévenus que la justice doit absoudre et ceux qu’elle doit frapper, là est l’imprévoyance.

Il ne faut pas avoir étudié, dans les prisons, les diverses catégories de détenus, pour incliner à les classer diversement ; en général, même après sa peine expiée, nous ne voyons dans le libéré qu’un être flétri. Et si, au lieu de rentrer dans la société pour chercher à y ressaisir la position qu’il y a perdue, il lui faut subir de la surveillance, où sera pour lui la possibilité du rachat ? Loin de lui parler d’espérance, la raison lui parlera de flétrissure, et la difficulté du rachat le fera se précipiter, derechef, dans l’abîme où la loi seule va le chercher pour le frapper de nouveau.