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veillance à temps ou à vie. Surveiller un libéré, c’est-à-dire l’interner sous le regard de la police, dans une ville où peu de ressources lui seraient offertes s’il était libre, où tout travail lui est refusé parce qu’il tient encore à la prison par le côté de la flétrissure.

On s’est fort occupé, il y a quelques années, de la nécessité de séparer les prévenus des condamnés. On a compris que la distance est grande entre eux, puisque à chaque session les chambres des mises en accusation déclarent n’y avoir pas lieu à poursuites, envers un nombre d’ordinaire assez grand d’individus écroués. Pour ne citer qu’un fait, M. Barthélemy Maurice, dans son Histoire des prisons de la Seine, constate que 29 293 prévenus de délits et 3 580 accusés de crimes, ont été acquittés sur le territoire français en 1832. C’est donc un total de 32 875 personnes arrêtées, que dans sa sollicitude la justice du pays a rendues à la liberté.

Mais ce fait de l’incarcération constitue un dommage, et quelle indemnité le compense ? aucune. Les détenus sont entrés purs dans les prisons ; ils en sortent déchus, car on les a jetés en pâture au vice au lieu de les isoler.