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zèle. Au lieu de comprimer l’élan des peuples vers la liberté, laissez-les aller à elle. Et comme vous les avez un jour dominés du haut de votre gloire, vous les dominerez pour toujours ! Au progrès, pontife, au progrès ! Quand l’humanité marche, la religion, sous peine de périr, doit marcher aussi. L’égoïsme a gagné le siècle, la soif de l’or, l’amour du bien-être, ont tout envahi ; l’homme veut jouir, les réalités de la vie l’absorbent ; il ne fait rien pour l’éternité, il n’y croit pas ; sous cette négation absolue toute solidarité s’efface, toute réciprocité disparaît, il n’y a plus entre les fils des hommes de lien, l’intérêt seul les rapproche ou les sépare.

Le danger de l’excès du mal perdrait le monde, si un monde pouvait périr sans la volonté de Dieu ; mais çà et là aux postes avancés, des sentinelles veillent qui se répondent : Garde à vous ! Et comme les plus en danger font la meilleure garde, les cris partent des poitrines de femmes. À leurs époux, à leurs fils, à tous ceux qui se meuvent dans le vide, quelques-unes répètent Garde à vous ! L’heure est venue de mettre le doigt sur l’égoïsme qui ronge le siècle et de le signaler pour y substituer une ère de progrès com-