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sans s’y arrêter, au lieu d’y revenir comme à la base de toute éducation rationnelle.

Et vous, pauvres institutrices, la pédagogie est-elle un sacerdoce vous conférant l’apostolat de l’éducabilité ? La société prévoyante vous a-t-elle assuré le pain du corps, en vous chargeant de donner à l’enfance le pain de l’âme ? Vraiment, nous n’en sommes pas là, l’enseignement, comme tout le reste, se vend, se marchande et s’achète. Le père en veut pour son argent ; le maître, pour en donner longtemps, en fait petites les doses, et l’élève qui, dans l’école, devrait retrouver un second père, ne trouve plus qu’un mercenaire qu’il craint le plus souvent, qu’il ne respecte jamais. Ainsi l’a voulu notre société imprévoyante et parcimonieuse. L’institutrice, qui devrait avoir un caractère sacré, n’inspire plus aux parents que la défiance ; aux élèves, que l’insubordination. Les trésors de l’esprit sont au rabais, et la domesticité est aussi rétribuée que les maîtres d’études ou les maîtresses de classes. Triste état des choses, que changera l’avenir, sans doute, et qu’il faut déplorer comme tout ce qui est mauvais.

Mais plus le mal étend ses racines, plus il y a lieu d’y