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les chants des trouvères et des troubadours. À travers le prisme du souvenir, nous voyons les chevaliers ceindre l’écharpe brodée de la main de leur dame. La légende de Gabrielle de Vergy, celle de Clémence Isaure et quelques autres, sont restées dans notre mémoire ; mais des classes mixtes, on ne sait rien, des fragments épars lui ont seuls survécu. La femme alors avait une sorte d’empire, il n’y a que la politique qui l’ait isolée, et encore derrière Louis XIV ne voit-on pas Madame de Maintenon ; à côté de Napoléon Ier, Joséphine ? Le Christianisme, en faisant table rase des faux dieux, n’a pu effacer le souvenir des druidesses, des pythonisses et des vestales ? Notre sexe, élevé par le sacerdoce, fut de là, relégué dans la famille, son temple naturel. Lorsqu’il l’a voulu, il a exercé dans ce sanctuaire intime le pouvoir que son titre de maternité lui conférait ; mais subalternisée par l’époux, son seigneur et maître, la femme trop souvent a justifié l’infériorité que celui-ci lui a supposée. Le mensonge et la ruse ont été ses armes, et si, de nos jours, le mariage est une chaîne au bout de laquelle tiennent deux boulets ; c’est que l’équilibre conjugal ne saurait s’établir que sur les bases d’une égalité par-