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propres à son sexe. Plus tard, la famille entière herborisait par monts et par vaux, s’instruisait en marchant et rentrait au logis les pieds endoloris, mais l’appétit aiguisé, le cœur content, l’esprit léger. Sur telle montagne, le père avait donné une leçon de géologie ; sur telle autre, on avait cueilli une plante qui manquait à l’herbier. Ici, l’on s’était arrêté devant un monument gothique ; là on avait déchiffré une inscription remontant à l’enfance des âges. On étudiait la marche des vents, l’état du ciel, l’approche des orages ; jamais on ne rentrait sans savoir quelque chose de plus que la veille ; or là, filles et garçon, suivant de communes études, ayant pour professeurs leur père et leur mère, l’unité la plus parfaite d’enseignement a existé pour eux de même que l’égalité des sexes ; est-ce qu’à cette fusion des pouvoirs l’autorité du couple a perdu ? Il y a eu, au contraire, cela de remarquable, que le fils, assoupli par la mère, a gagné chaque jour en douce affectuosité. Digne sans raideur, fier sans arrogance, il inspire à ses sœurs l’énergie et apprend d’elles la bienveillance. Ainsi se tempéraient les uns par les autres, ces enfants grandis ensemble et qui, dans les sages enseignements de leurs