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bégueuleries et pousser son enfant à grimacer la décence plus qu’à la pratiquer réellement.

Ces deux mots : décence et modestie, qui semblent faits l’un pour l’autre, diffèrent cependant beaucoup et changent d’acception selon les peuples et les pays. Il est indécent, en Angleterre, de parler des vêtements qui touchent au corps ; il n’est point impudique, aux femmes, de se montrer la gorge nue ? En Turquie, elles se cachent le visage et montrent leurs talons. En Europe, ce qui est accepté dans le monde n’est pas reçu dans l’intimité. Une femme va au bal décolletée ; elle rougirait d’être vue, le matin, en robe basse. La pudeur est donc de convention ? Elle s’inspire, elle ne s’explique pas.

Une jeune fille sait-elle pourquoi sa mère ne reçoit personne dans sa chambre à coucher, sinon son médecin et son coiffeur ? Prend-on la peine de justifier à ses yeux tels ou tels usages ? Non ; aux questions qu’elle fait, l’on répond : Cela est reçu.

Reçu pourquoi ?

Par la force des préjugés, cet abus des temps passés.

Il est à peu près reconnu, et il est du moins certain, que paraître semble plus obligatoire qu’être. On