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Dans la famille et dans l’État, leur condition est-elle heureuse ?

Dépend-il d’elles d’améliorer leur sort, de le changer et de réagir efficacement sur la société par la puissance de leur exemple ?

Là nous semble être la solution du grand problème humanitaire, auquel tout penseur doit sa part de méditations.

La femme, dès son plus bas âge, reçoit une éducation qui fausse ses aptitudes, comprime ses élans et rétrécit ses idées. On ne l’empêche pas seulement de penser ce qu’elle dit, on lui défend de dire ce qu’elle pense. Son père, sa mère, ont, devant elle, un langage pour le monde, un langage pour l’intimité. Leurs actes contredisent leurs paroles, et l’enfant, dans ce chaos, flotte, indécise, ne sachant sur quoi arrêter sa pensée. La religion lui défend le mensonge ; la politesse lui apprend à le glisser doucement, sans blesser personne ni elle-même.

Cet écueil, les deux sexes y sont pris ; mais combien plus la jeune fille y succombe ! Il y a pour elle, du côté de la pudeur, des nuances si délicates, qu’aisément la mère inexpérimentée peut les transformer en