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Madame Aline J…, jeune et tendre mère, partageait son cœur entre ses enfants et son mari, c’était là son univers. D’abord fille et sœur dévouée, son culte avait naturellement changé d’objet. Un événement la priva tout à coup de son mari, et, par un double malheur, le jour où s’éloignait l’honorable chef de cette famille, madame J… pleurait sur le cercueil de sa petite fille. Perdre à la fois deux objets bien chers, se séparer de l’un, enterrer l’autre, c’était de quoi faire blasphémer une âme ordinaire. Madame J… trouva en elle le courage qui lui devenait nécessaire : un fils, enfant encore, lui restait. À le regarder, la mère, refoulant ses larmes et prête à tous les sacrifices, rejoignit en de lointains pays son époux bien-aimé. Une petite fille, un ange, leur naquit, ce fut là leur récompense…

Madame J…, à qui avait-elle dû les sentiments qui l’animaient ? à sa mère. Petite enfant, elle avait deviné ce qui ne s’inspire pas, les délicatesses du cœur ! Se dévouer, pour elle c’était vivre, et, malgré de plus nombreux devoirs, elle est restée sœur comme elle a su être épouse et mère. Aujourd’hui son fils a dix-sept ans, sa fille dix : l’un et l’autre, imbus de bons