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À ceux-ci, la société ouvrira-t-elle un compte sévère et les condamnera-t-elle sans pitié ?

Jeanne a connu les privations jusqu’à quinze ans ; un amant s’est présenté, elle l’a écouté, ils ont vécu ensemble. De leur amour, un enfant est né. Jeanne l’élèvera-t-elle ? ils sont pauvres, le petit innocent ira à l’hospice.

Si, au contraire, on le garde, que n’aura-t-il pas à souffrir, le séducteur de Jeanne l’ayant abandonnée ? ambitieuse, elle deviendra facilement lorette, et d’avilissement en avilissement, finira par se prostituer. Pour elle, alors, de la maison publique à la prison, il n’y aura qu’un pas. Enfreindre une ordonnance, franchir une limite, passer en un lieu défendu, seront choses à la mettre dans le cas d’un emprisonnement par ordre de police.

Interrogez les plus abjectes de cette classe, toutes accuseront l’amour de leurs malheurs.

— « À seize ans j’ai eu le cœur pris, nous disait une femme publique détenue à Saint-Lazare[1] ; à vingt

  1. Nous portions alors des secours et des consolations dans cette prison.