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de la mère. Que viendraient-ils chercher au logis ! Le foyer est froid, les marmots affamés, ils retournent au cabaret ou même ne rentrent pas ; les enfants, privés de pain, en implorent de la charité publique, font de petits vagabonds sans ressources, qui recourent pour vivre à toutes sortes de ruses, et s’acheminent, par les sentiers tortueux du vice, vers la police correctionnelle. Chez nous, rien de cela n’est à craindre, Juliette, nous sommes deux à travailler pour Jacques ; qu’il y ait un chômage, une morte-saison, le maître renverra les mauvais ouvriers et gardera les bons. Je suis donc sûr de mon gain. Ceux qui ne travaillent pas en conscience sont les premiers renvoyés, les derniers repris ; ils ont le temps de crier misère. Moi, je ne manquerai pas de pain. J’ai des économies, un livret à la Caisse d’Épargne, si une maladie survient nous en triompherons… Je travaille à mes pièces, j’ai intérêt à allonger ma journée, le patron ne perd pas son temps à me surveiller.

— De mon côté, je fais ce que je peux, Joseph, le ménage est en ordre, l’enfant bien portant, Dieu nous a bénis !

— Oui, et pour distraire, j’apporte, ce soir, un