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milles d’ouvriers, où chacun prend sa part de la tâche commune, c’est surtout la ménagère qui a charge des petits : elle gagne peu, et sur son petit gain tous ont quelque chose. Le père, sur le prix d’une journée, paie son tabac, ses verres de vin extra, et diminue la part des marmots ; la mère n’en distrait rien ; tout en travaillant elle allaite celui-ci, berce celui-là, veille sur tous, et la nuit, tandis que la marmaille dort, à la pâle lumière d’une petite lampe, elle raccommode ou blanchit le linge.

Dans chaque grande maison, regardez aux bas étages, vous y verrez, la nuit, des lueurs de veilleuses ; regardez aux mansardes, vous y devinerez la lampe du travail. Au bout de sa journée, le père se repose ; quand elle a fini la sienne, l’ouvrière reprend sa tâche ; le mari, son labeur terminé, peut donner une heure de loisir à son instruction ; si elle veut lire, l’ouvrière doit le faire pendant ses repas. Il n’y a point de loisirs pour elle, il n’y a que des devoirs.

Juliette a vingt ans, Joseph en a trente ; ils se sont aimés ; ils se sont unis ; une parfaite égalité existait entre eux, ils ne possédaient rien… On eût dit deux tourtereaux roucoulant dans leur cage. La cage eut