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n’a pu se faire ouvrir les portes des salons aristocratiques. On va de front, on ne va pas de pair ; on se coudoie, on ne se regarde pas. Le riche, à défaut d’écusson, a de magnifiques attelages ; il donne des fêtes princières ; c’est à qui s’y rendra ; quant à le recevoir dans la haute aristocratie, l’on s’en garde, les vieilles rancunes ont survécu… À certains jours, tel duc, d’antique roche, admettra, sans examen, la noblesse des écus, la noblesse de l’intelligence ; mais l’exception est en faveur des hommes. Les femmes n’entrent chez les grands seigneurs que par la porte du mariage.

Voyez cependant ces deux noblesses de front, elles se font tête ; la femme riche a ses pauvres comme la duchesse ; ses œuvres de bienfaisance sont plus larges, la bienfaitrice en relève le prix. Le plus souvent, pour donner, la femme titrée passe par un prêtre, par un ordre religieux. La femme riche a ses protégés ; la femme aristocratique a ses mendiants. Toutes deux sont mues par un sentiment chrétien ; mais leurs points de vue diffèrent ; l’une, fonde des asiles, des écoles ; l’autre, fonde des couvents. Où celle-ci emploie l’assistance, celle-là applique le secours ; pour la première, le temps a marché ; pour la seconde, il est