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on modifie ou l’on proscrit telle méthode qu’elle avait adoptée ; ses convictions doivent céder à l’ignorance ; sa volonté, à la routine. Bon nombre de mères s’imaginent qu’il faut des hommes pour professeurs à leurs filles ? Madame Pleyel a beau être un génie musical ; le Conservatoire a beau s’enorgueillir des classes qu’il confie à des femmes, la vogue des professeurs hommes se maintient : La raison du plus fort est encore la meilleure.

De cette sorte d’exclusivisme résulte l’insuffisance de l’enseignement général pour les femmes. On n’exige d’elles que des notions élémentaires. Un peu de tout. Tel est leur programme. Se bien présenter, se bien tenir dans un salon, c’est, pour le plus grand nombre, la suprême éducation. Heureuses encore les jeunes filles qui n’ont appris que cela et dont les oreilles sont restées pures ! L’enseignante, par notre temps d’immoralité, s’impose peu de devoirs, ferme les yeux et laisse les jeunes cœurs confiés à sa garde se déflorer avant leur épanouissement.

Pour une élève pure, combien ont devancé leur âge ? Pour une institutrice prudente, combien d’insensées qui laissent lire à leurs jeunes pupilles des romans