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orne, habille ? la femme toujours, si industrielle, si industrieuse ; ne lui doit-on pas une part de l’honneur que l’on recueille ! Malgré les lois, malgré les obstacles que la force opposait à sa faiblesse, la femme a conquis certaines positions ; mais combien son lot diffère encore de celui de l’homme !

Le fonctionnaire public, après trente ans, a une retraite ; le soldat invalide est pensionné par l’État ; la femme, vieillie par le travail, épuisée par les veilles, n’a en perspective, si elle est pauvre, que l’hôpital. On sert de petites pensions aux veuves, on tend des secours aux autres, mais ce ne sont là que des aumônes déguisées. Il y a mieux à faire. On a prélevé dans le monde chrétien, le denier de saint Pierre ; que l’État, à la naissance de chaque enfant, impose au père une taxe quotidienne de cinq centimes, soit une somme de dix-huit francs vingt-cinq centimes par an. La misère, si elle est insolvable, donnera, chaque matin, pour cinq centimes de travail, et de vingt en vingt ans, chaque génération acquerra un capital qui, utilisé, la mettra à l’abri de la misère ; hommes et femmes, il n’y a là ni empiètements, ni absorption, il y a mutualité, solidarité, prévoyance.