femme depuis ces six mois… Que de tortures subies en silence !
— Je suis si incapable d’être pauvre ! concluait naïvement Paulette. Je ne comprends pas comment l’argent file si vite ! Il me semble pourtant que je dépense très peu, et je ne reçois que des notes ! Que faire ? Que devenir ?
— Il faut tout avouer à Mlle Gertrude, déclara délibérément Thérèse, après avoir réfléchi un instant.
— Tout avouer à tante Gertrude ? répéta Paule avec effroi. Oh ! non, jamais ! J’ai si peur de ses reproches ! Elle va me dire encore des choses désagréables, dures… et ça me fait tant souffrir !
Il y avait une telle tristesse dans le ton de Mme Wanel, ses yeux d’enfant avaient pris une expression si désespérée que Thérèse en fut émue.
— Pourtant, insista-t-elle, il n’y a que Mlle de Neufmoulins qui puisse vous tirer d’embarras, il n’y a qu’elle pour vous faire sortir de cette impasse.
— Oh ! non, il ne faut rien dire de tout cela à tante Gertrude, murmura Paule à voix basse, et comme se parlant à elle-même.
— Avez-vous la note de la couturière ? interrogea Thérèse, après une courte hésitation ; voulez-vous me la montrer ?
— Mais oui, ma bonne Thérèse, pourquoi pas ? Elle doit être dans un de mes tiroirs.
Et Paulette se mit à fouiller tous les tiroirs où régnait un désordre extrême ; les objets les plus divers s’y trouvaient jetés pêle-mêle.
— Qu’en ai-je donc fait ? Vous voyez quel froufrou je suis ? Je n’ai guère été habituée à ranger mes affaires jusqu’ici, c’était l’ouvrage de mes femmes de chambre. N’avez-vous pas vu la bonne en bas ? Il faudrait lui demander ce qu’elle en a fait.
Thérèse ne put s’empêcher de soupirer ; elle comprenait de plus en plus l’incapacité de sa malheureuse amie, et elle la plaignait sincèrement.
— Il n’y avait personne dans la maison lorsque je suis entrée, dit-elle, mais je puis vous aider dans vos recherches.
— Nous irons voir dans le salon, proposa Paulette.