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TANTE GERTRUDE

tenait tant à cœur ; Paule n’était pas encore mariée, mais elle était fiancée, et le mariage aurait lieu dans quelques mois. Une sorte d’angoisse étreignait le cœur du jeune homme à cette pensée… Il revoyait Mme Wanel comme elle lui était apparue ce matin-là, jolie à ravir dans son costume de cycliste, ses grands yeux étonnés lorsqu’elle s’arrêtait sur le seuil, rougissante et comme prise d’une timidité subite… Il la revoyait assise ou plutôt perchée sur le rebord de cette fenêtre ouverte, le soleil se jouant dans ses cheveux d’or et lui formant une sorte d’auréole… Il sentait ce regard d’une hardiesse ingénue, attaché sur lui avec une expression pensive, presque triste… Puis, l’entrée de M. de Lanchères pour qui il éprouvait une répulsion instinctive. Comment Paule pouvait-elle aimer ce bellâtre insignifiant ? Cette même question irritante qu’il s’était posée lors de son premier mariage, lui revenait à l’esprit… L’aimait-elle ? Elle avait pu épouser Wanel pour sa fortune, mais pourquoi épouserait-elle celui-ci ?

Lorsqu’il se décida à se mettre au lit, il n’avait pas encore pu résoudre cette énigme, et il ne s’endormit que fort tard dans la nuit, poursuivi par le souvenir de la jeune femme et de son fiancé.