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J’avoue pour ma part que je ne nous savais pas si riches : l’importance qu’a prise ce recueil, encore incomplet, m’a beaucoup surpris. Les idées anarchistes, développées consciemment sous leur forme actuelle, sont d’origine si récente qu’on se les imagine volontiers comme se trouvant encore dans une période rudimentaire de propagande. Sans doute, la plus grande part des documents cités dans ce recueil est destinée à disparaître et même ne mente guère d’être conservée, mais quelques-unes de ces œuvres feront certainement date dans l’histoire du dix-neuvième siècle. Certes, il a pu être difficile parfois aux anarchistes de dire ce qu’ils croient être la vérité, mais on ne saurait les accuser d’avoir « caché la lumière sous le boisseau ». Nous l’avons dressée aussi haut que peuvent l’élever nos mains, et désormais, nul dans le monde, qu’il nous aime ou qu’il nous haïsse, ne pourra prétendre nous ignorer.

D’ailleurs, la littérature anarchiste proprement dite n’est qu’une partie infime de celle qui forme le véhicule de nos idées. Maintenant nos adversaires eux-mêmes se chargent de propager la semence de révolte. Il n’est guère d’écrit, il n’en est pas même un seul digne d’être lu, dans lequel ne se trouve un ferment de renouveau, soit à propos de la ci-devant morale convenue ou de la religion traditionnelle, soit encore à propos des castes dirigeantes ou de l’économie politique orthodoxe. Quel est l’homme de conviction qui, dans ses plaidoyers, ne soit quelque peu révolutionnaire ! S’il peut espérer d’avoir une certaine influence, ce n’est jamais que par les idées neuves, socialistes ou anarchistes, de son enseignement, car le reste n’est