Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subalterne ; c’est que l’immense activité de l’empereur occupait, à elle seule, le premier plan du tableau. C’était encore une des conditions de sa dictature. Malgré l’épuisement de la génération de 89 et le désir de la génération qui suivait d’échapper aux agitations révolutionnaires, il n’eût pas été sûr de laisser sans aliment l’activité du génie français. Sous les Valois, il avait été occupé par les guerres religieuses, la Ligue, les révolutions ; Henri IV lui avait donné pour aliment la lutte contre la maison d’Autriche ; Richelieu y avait ajouté l’assujettissement de l’aristocratie et la réaction contre les protestants ; Louis XIV avait occupé cette activité jusqu’à la lasser par ses guerres européennes, destinées à asseoir la France entre ses véritables frontières, par ses créations dans tous les genres, la législation, l’industrie, le commerce, l’architecture, les merveilles de la littérature chrétienne et monarchique de son siècle. Dans l’âge suivant, l’activité intellectuelle avait remplacé l’activité du gouvernement, et le philosophisme, descendant comme un audacieux mineur une lampe à la main, dans les profondeurs sociales, en entraînant les esprits à sa suite, avait ébranlé toutes les bases, sous prétexte de les explorer. Pendant la révolution, le renversement d’une société, les luttes retentissantes de la tribune, véritables batailles qui avaient leurs morts, car les chefs du parti vaincu appartenaient au bourreau, les agitations populaires de la place publique, les tempêtes des clubs, la vie passionnée et furieuse des comités