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l’esprit de M. de Bonald ; que, cédant à cette tentation à laquelle succombèrent tous les philosophes depuis Descartes, il ait voulu renouveler la face de la philosophie, sans tenir assez compte des grands travaux de la philosophie catholique ; qu’on puisse contester la justesse de plusieurs de ses définitions, et qu’on trouve dans son livre des erreurs de raisonnement, par suite de l’autorité trop grande qu’il accordait à la combinaison logique de certaines formes de langage ; qu’il pousse trop loin la recherche des analogies ; qu’il y ait dans son intelligence une tendance trop prononcée à dogmatiser et à tout réduire en formule, il est difficile de le nier, et lui-même, à la fin de son ouvrage, convient, avec l’honorable candeur des intelligences supérieures, qu’il peut s’être trompé sur plusieurs points. Mais ces défauts ne détruisent pas ses rares qualités, l’élévation de son esprit, la pénétration de son regard, la fermeté de sa raison et le spiritualisme de toutes ses conceptions religieuses, philosophiques et sociales. L’objet constant des études de M. de Bonald a été de mettre un terme au divorce de la philosophie et de la religion, de prouver par les études philosophiques la nécessité des solutions religieuses, et de ramener tous les pouvoirs sociaux à la souveraineté de Dieu. « Dieu, pouvoir souverain sur tous les êtres ; l’Homme-Dieu, pouvoir sur l’humanité tout entière ; l’homme chef de l’État, pouvoir sur les hommes de l’État, qu’il représente tous dans sa personne publique ; l’homme père, pouvoir sur les hommes de la famille, qu’il représente