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en elle-même la force de sortir du désordre où elle est tombée, qu’arrive-t-il ? Elle finit, répond inexorablement M. de Bonald, confondue avec d’autres sociétés. Vico avait dit bien antérieurement : « Tout peuple qui ne sait pas trouver en lui le commandement et l’obéissance, obéira à un autre peuple. » D’abord la perte de l’ordre et des libertés, ensuite la perte de la nationalité, voilà le terme de cette redoutable progression. La perte de la nationalité, qui est la mort des peuples, vient la dernière, comme la peine capitale attend le crime au dernier degré de l’échelle pénale.

L’époque où l’auteur de la Législation primitive publia l’ouvrage où étaient exposées ces hautes et dures leçons, a quelque chose de remarquable ; c’était celle où le premier consul Bonaparte, le front ceint de l’auréole du génie, essayait, après tant de ruines successives, de reconstruire une législation plus durable pour un peuple qui avait eu tant de lois dans ces derniers temps, qu’il finissait par ne plus en avoir. On était dans ces premiers jours du consulat qui frappèrent si vivement les imaginations, par l’impulsion puissante et salutaire que le premier consul imprima à tous les ressorts du gouvernement. Cette société, depuis si longtemps égarée de ses voies, retrouvait un conducteur capable de tout faire, dans une époque où tout était à faire. La force clairvoyante s’asseyait au gouvernail et tendait la voile au souffle de la fortune, et le navire, si longtemps ballotté par les vagues, recommençait à marcher. Tandis que le chef du