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services rendus, de l’état privé à l’état public, a sa place marquée.

La conclusion de tout ce système d’idées est sévère, et l’on voit bien qu’en la posant l’auteur a présente à la pensée sa patrie récemment bouleversée par la révolution. « Lorsqu’une société religieuse et politique, détournée de la constitution naturelle des sociétés a comblé la mesure de l’erreur et de la licence, les fonctions naturelles du corps social se troublent, et les rapports naturels des personnes sociales entre elles font place à des rapports arbitraires ; le pouvoir conservateur de la société se change en une tyrannie faible ou violente, la subordination et le service du ministre en une servitude aveugle ou intéressée ; l’obéissance du sujet en un esclavage vil ou séditieux. » C’est le tableau de la France révolutionnaire. Il ne faut pas croire qu’en renversant la monarchie on eût échappé à la nécessité inévitable d’avoir le commandement d’un côté et l’obéissance de l’autre. Louis XVI avait été remplacé par le comité de salut public ; les classes autrefois dominantes, par l’aristocratie démagogique des comités révolutionnaires, soldés aux dépens des finances : on commandait et l’on obéissait toujours. On commandait même plus durement, et on obéissait plus servilement. La servitude au lieu de l’obéissance, le despotisme au lieu de l’autorité, et l’insurrection au lieu de ces garanties légales qui arrêtaient quelquefois le gouvernement dans ses écarts, voilà tout ce qu’on avait gagné. Mais, quand une société ne trouve point