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fréquent du devoir royal et du devoir religieux et social, surtout pendant le dix-huitième siècle, favorisa l’avénement de la révolution française, dirigée à la fois contre la royauté, le clergé et la noblesse, c’est-à-dire, pour nous servir de la langue adoptée par M. de Bonald, contre le pouvoir et le ministère public. N’importe ; cette observation de fait n’ôte rien à la justesse de l’axiome philosophique appuyé par M. de Bonald, non-seulement sur l’histoire de l’antiquité mais sur l’histoire moderne ; car, en face de la durée des monarchies chrétiennes, il place la faiblesse de la Pologne, où le pouvoir était électif et où le ministère, c’est-à-dire la classe qui est le moyen de gouvernement, était héréditaire, et la Turquie, où le pouvoir est héréditaire et le ministère électif. De cette formule philosophique, éclairée par l’expérience de l’histoire, sort la règle suivante ; Les sociétés où il n’y aura que peu ou point de fixité dans les personnes seront dans un état de faiblesse tant qu’elles ne seront pas parvenues à un état fixe ; dans un état de désordre, si elles s’en sont écartées et si elles travaillent à y revenir. Il faut ajouter que, dans les idées chrétiennes de M. de Bonald, la noblesse est bien moins un droit qu’un devoir, ce qui revient à ce mot nouveau écrit pour la première fois sous la restauration par le duc de Lévis, mais qui paraît ancien parce qu’il exprime une vieille vérité : Noblesse oblige. Enfin, dans les idées de M. de Bonald, il ne s’agit pas d’une noblesse fermée, mais d’une noblesse ouverte, dans laquelle toute famille qui s’élève, par des