Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

philosophique, que la prétendue souveraineté de l’homme est assujettie à la seule souveraineté qui soit réelle, celle de Dieu. En posant la seconde formule qui naît de la première, « Le pouvoir est de Dieu, » M. de Bonald n’a pas voulu dire que l’homme qui l’exerce soit nommé visiblement par la Divinité. Ce serait universaliser la théocratie proprement dite. Il a seulement rappelé cette grande vérité, que Dieu ayant créé l’homme essentiellement sociable, et pas une société ne pouvant exister sans pouvoir, depuis la plus simple et la première, la famille, jusqu’à la plus compliquée, la société politique, l’existence du pouvoir est une volonté de Dieu, et sort des lois primitives qu’il a données à la nature humaine. Dieu veut, en effet, l’existence des sociétés, à laquelle l’existence du pouvoir est nécessaire. Mais comment sera organisé ce pouvoir ? Selon quels principes généraux ? C’est là précisément la matière du livre sur la Législation primitive.

M. de Bonald a cherché les caractères fondamentaux de l’organisation sociale, et voici les résultats de ses recherches. Il a trouvé pour le monde philosophique cette synthèse qui résume tout, la cause, le moyen, l’effet. La cause, le moyen et l’effet sont, dans l’ordre général de l’univers, ce que le père, la mère et les enfants sont dans l’ordre domestique de la famille, le pouvoir, le ministre, le sujet dans l’ordre politique de l’État. M. de Bonald, continuant à s’élever d’analogie en analogie, de sphère en sphère, selon sa coutume, arrive ainsi jusqu’à la formule suivante : « Dieu, le