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verains des sujets, Dieu de l’univers, afin de rendre à l’homme l’empire de lui-même, aux souverains le gouvernement des peuples, à Dieu l’empire des êtres. Le livre de la Législation primitive est donc une tentative de restauration universelle. En combattant la philosophie du dix-huitième siècle, l’auteur s’élève de sphère en sphère, et va de l’homme à la société et de la société à Dieu.

On peut contester, et un esprit éminent[1] a contesté non sans raison, la parfaite exactitude de la célèbre définition que M. de Bonald a donnée de l’homme : « L’homme est une intelligence servie par les organes. » Elle est un peu superbe, et elle n’exprime pas d’une manière assez exacte cette espèce de mariage de deux natures, la nature spirituelle et la nature matérielle, qui s’est consommé dans la nature humaine par une sublime volonté de Dieu, ramenant ainsi, dans son dernier ouvrage, la création à une première unité, comme il devait par un des plus étonnants mystères, l’incarnation, faire monter cette unité à une plus haute expression, en unissant l’humanité, ce résumé de la création, à la Divinité créatrice dans la personne de son fils. Mais si M. de Bonald a trop spiritualisé l’homme dans sa définition, c’est que la philosophie de son temps l’avait par trop matérialisé. Quand on songe qu’à l’époque même où il écrivait, il y avait toute une école qui, mettant son orgueil à abaisser la nature humaine,

  1. Le père Ventura.