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paroles gracieuses. Ce dernier regard d’un roi mourant, qui laissait derrière lui la monarchie compromise et presque perdue ; ce premier regard d’une reine alors si belle et si adorée, quelques années plus tard si éprouvée et si courageuse, ne sortirent point de la mémoire de M. de Bonald. Il n’avait point participé aux entraînements de son temps. Plein d’un tendre respect, comme Joseph de Maistre, pour sa mère, il avait gardé les croyances religieuses et les convictions monarchiques dans lesquelles il avait été élevé. Marié de bonne heure et retiré dans ses terres, il fut élu, en 1790, membre, puis président de l’administration départementale de l’Aveyron ; mais il donna sa démission, dans une lettre motivée, quand le roi eut été contraint de sanctionner la constitution civile du clergé. « J’ai donné, je donnerai toujours, écrivait-il, l’exemple de la soumission la plus profonde à l’autorité légitime ; mais sur des objets d’un ordre supérieur, et qui me paraissent intéresser ma religion, je n’irai pas, en me séparant de l’autorité visible de l’Église, que les éléments les plus familiers de ma croyance m’ont appris à reconnaître dans le corps des pasteurs unis à leur chef, m’exposer à des doutes cruels, à des remords déchirants pour celui qui a confié à ces consolantes vérités le bonheur de son existence. L’assemblée nationale a décrété des changements dans la discipline ecclésiastique et la constitution du clergé ; elle a imposé aux pasteurs le serment de s’y conformer. Le roi, sur des instances réitérées, a donné sa sanction à ces