Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, quelques années auparavant, avaient pris rang parmi les axiomes.

Ainsi l’on se rappelle quelle foi la France avait eue en ces constitutions écrites, dans lesquelles la souveraineté du peuple était censée consacrer ses propres droits et constituer, par un acte de libre volonté, l’existence sociale et nationale, déjà vieille dans l’histoire. Au début de 89, la crédulité publique avait attaché une puissance presque divine à ces espèces de tables de la loi politique. On les avait promulguées dans les formes les plus solennelles, au milieu de ces fêtes de la Fédération, qui réunissaient une foule enthousiaste au Champ de Mars. Il semblait au peuple malheureux que tous ses maux finiraient quand la constitution attendue serait promulguée, et l’infortuné roi Louis XVI, dans une lettre remarquable, écrite à ses frères, pour expliquer l’assentiment donné par lui à la constitution de 1791, constate, avec un grand sens, cette disposition universelle des esprits. Les événements avaient marché depuis ; ce vaste abatis de constitutions renversées aussitôt que jurées, quelques-unes avant d’avoir été jurées, avait ébranlé ces illusions. Le comte de Maistre profite de l’expérience qui vient d’être faite pour développer, sous toutes les formes, cette pensée que les constitutions de main d’homme ne constituent rien, et que c’est une prétention inacceptable que de vouloir renfermer des sociétés vivantes dans une formule arbitraire, dont le moule idéal n’existe que dans l’esprit des constituants. Il publia plus tard, en 1809, un traité ex professo sur