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écrivain. La société, dans toutes ses parties ; au faîte de l’édifice, la royauté ; plus bas, l’ordre judiciaire ; dans la sphère morale, le clergé ; dans l’ordre matériel, la force publique ; enfin, l’honneur des familles, tout avait été une proie pour ce génie irascible et violent. Sa vie avait été intraitable et sans pitié. Au bout de pareilles vies, il y a quelquefois des morts étranges et pleines d’enseignements. Voyons.

Dans ces mêmes bois de la Chavonière, d’où Paul-Louis Courier, vigneron, datait ses furieuses philippiques, et où, au nom de ce droit de fiction dévolu aux pamphlétaires comme aux peintres et aux poëtes, il avait rassemblé toutes les vertus de l’âge d’or, qu’il ne mettait dans les forêts que pour les montrer plus éloignées des cours, on vint un jour à rencontrer un homme étendu sur le sol, un cadavre. La blessure dont il conserve la trace encore sanglante, ne permet pas d’avoir un doute sur le genre de sa mort. Il y a eu meurtre : cet homme a été assassiné. Quelqu’un s’est trouvé dont la haine atroce n’a plus été retenue par ces lois de l’ordre social qui arrêtent quelquefois le bras de l’assassin. Tout s’est passé comme dans une embuscade de Hurons ou d’Iroquois, dans ces pays régis par les instincts d’une nature encore sauvage. Il y avait haine, il y a eu guet-apens ; le canon d’un fusil s’est penché, et, quand il s’est relevé, il y avait un homme de mort.

Des représentants de la force publique, destinés à prévenir, à empêcher de pareils crimes, aucun ne s’est