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pour moi, et c’est ce que je voulais. On m’approuve généralement, et ceux-là qui blâment la chose en elle-même conviennent de la beauté de l’exécution. » Voilà bien l’artiste ! Pourvu qu’on admire la forme, cela lui suffit. Aussi ajoute-t-il que deux personnes (M. Étienne était l’une des deux) lui ont dit que « cette pièce était ce que l’on avait fait de mieux depuis la révolution. Ainsi, continue-t-il, j’ai atteint le but que je me proposais, qui était d’emporter le prix. » Ce mot encore peint l’homme. Qu’importe qu’il ait flétri la royauté, insulté toute une classe de Français, enflammé les passions, troublé les esprits ? Il a fait un beau morceau de littérature ; il a emporté le prix du style ; dès lors, il est content. Les trois mois de prison auxquels il fut condamné ne diminuèrent point son contentement. Ce fut pour lui l’occasion d’écrire l’histoire de son procès, en y joignant le discours qu’il aurait voulu prononcer pour sa défense, s’il avait su parler, bien entendu, car il lui était impossible de dire deux mots de suite en public. Comme dans ce nouveau pamphlet il tournait en ridicule le procureur général qui avait conclu contre lui, il appelait cela son Jean de Broé. Le succès de ce nouveau pamphlet mit le comble à sa joie : « Ma brochure a un succès fou, écrivait-il à sa femme. Tu ne peux pas imaginer cela ! C’est de l’admiration ! de l’enthousiasme ! Quelques personnes voudraient que je fusse député, et y travaillent de tout leur pouvoir. Je suis convaincu que cela serait pour moi un malheur. Cela ne me convient pas du tout. Au reste, il y a peu