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Louis a-t-il grand soin, dans le Pamphlet des pamphlets, qui est son chef-d’œuvre, de mettre le pamphlet bien au-dessus du livre. Tout ce qui est beau doit être court, puisque Paul-Louis est court. Ce peintre en miniature apprécie peu les fresques de Michel-Ange. Il se compare en passant à Franklin, qui, bien qu’un peu sec, avait un autre sens pratique des choses, avec un véritable désir d’être utile ; à Pascal, qui avait une autre élévation de pensées et une autre envergure ; à Démosthènes, qui avait une autre éloquence. La postérité, qui remet les hommes à leurs places, obligera Paul-Louis à en rabattre. Il avait le sentiment de l’antique, un style du seizième siècle, raffiné par le goût moderne, sorte de transaction savante entre les grâces naïves de nos vieux conteurs et l’art exquis des Grecs, trop savante pour que l’artifice ne paraisse pas quelquefois ; mais c’est, au demeurant, un penseur sans portée et un écrivain d’une respiration courte, qui fournit vivement une carrière peu étendue, et qui resterait en chemin, on le sent, si la carrière était plus longue. Comme Béranger, il fut servi par les circonstances et les passions de son temps, parce qu’il s’enrôla à leur service.

Le Simple Discours fut incriminé par le parquet. Courier ne paraît pas beaucoup s’en étonner ni s’en affliger ; peut-être s’y attendait-il. Il écrit à sa femme à ce sujet (juin 1821) : « Je ne sais pas encore si je serai mis en jugement. Cela sera décidé demain. Je suis bien sûr de n’avoir point de tort. J’ai le public