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de France offrir au jeune héritier de la race des Capétiens le château bâti par François Ier ; mais, à côté de la question politique, il y avait une question d’art qui aurait dû trouver grâce devant l’helléniste, devant l’Athénien. Chambord n’était-il point le chef-d’œuvre du Primatice, et n’était-ce point une manière toute naturelle de conserver ce bel édifice, menacé d’être démoli, que de le placer sous la protection du jeune prince qui venait de rouvrir devant la famille de Louis XIV un avenir qui semblait prêt à se fermer ? Certes, tous les hommes éclairés attachaient de l’importance à la conservation de ce monument. Un édifice est une page de pierre où le génie de l’homme écrit un poëme : qu’aurait dit Paul-Louis Courier de celui qui, retrouvant un chant de l’Iliade, se serait empressé de le jeter aux flammes ?

Chambord, cette page monumentale de Primatice peut bien valoir une page d’Homère. Cependant, Paul-Louis Courier se déclara l’adversaire constant, opiniâtre, implacable, de la conservation du château. Le Grec qui avait pleuré, en Italie, sur la Vénus de la villa Borghèse et sur la statue de l’Hermès enfant, devint un barbare, l’artiste un iconoclaste, l’Athénien accepta le titre de pamphlétaire ordinaire de la bande noire. Au lieu de calculer tout ce que le Primatice avait dépensé de génie dans la construction du monument, il supputa ce qu’on pourrait en tirer de

    elles-mêmes le duc de Bordeaux dans un palais où tout respire la gloire et l’honneur. »