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noms de notre histoire reparaissant avec elle, il se cantonna dans les idées de démocratie les plus avancées. Comme il ne pouvait pas signer Paul-Louis, baron de Montmorency, il signa : Paul-Louis, vigneron. C’est toujours le mot d’Alexandre : « Si je n’étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène. »

Ne peut-on pas comparer, en effet, toute cette affectation de simplicité, cet étalage de modestie, ce luxe d’humilité, au manteau déchiré que le cynique Athénien avait choisi pour vêtement, et au tonneau qu’il avait adopté pour demeure ? Ô Diogène ! je vois votre orgueil à travers les trous de votre manteau. Ce tonneau de quatre planches à demi pourries contient une vanité aussi immense que celle qui déborde dans les somptueux palais d’Alexandre. C’est-à-dire, ô Paul-Louis ! tout le mal que vous vous donnez pour paraître humble, nous révèle la vanité napoléonienne qui vous travaille. Si vous vous croyiez un vigneron, comme les paysans de la Chavonière, vos voisins, vous feriez comme eux, vous n’accoleriez pas cette épithète à votre nom ; vous ne la prenez que parce que vous savez que personne ne vous la donne. C’est un contraste que vous cherchez, c’est de l’étonnement que vous voulez produire. Vous désirez que chacun dise autour de vous : « Courier, ce savant homme qui sait le grec aussi bien qu’homme du monde, Courier, ce grand écrivain dont la plume s’est trempée dans le style de Rabelais et de Montaigne, a la fantaisie de signer ses ouvrages Paul-Louis Courier, vigneron. Le ta-