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C’est là l’écueil de presque tous les gouvernements libres : au lieu de faire servir à un intérêt général les garanties qu’ils donnent, il arrive que la plupart des hommes heureusement doués cherchent à en tirer parti dans un intérêt de fortune ou de vanité. L’opposition devient une carrière ou un rôle, on y entre pour parvenir ou pour briller. Il y a des honneurs, des positions ou des applaudissements à gagner ; en faut-il tant ? Paul-Louis eut cependant un moment d’hésitation. Le peu d’enthousiasme qu’il avait montré pour l’empereur, le mettait en bonne situation sous le nouveau régime ; il jouissait de la faveur qui s’attachait à un disgracié de l’empire ; il écrit lui-même sur un ton de plaisanterie à sa femme, en janvier 1816, à propos d’un bal de la haute société de Tours : « Si tu t’étais trouvée ici, aurais-tu été assez pure ? Tu es de race un peu suspecte. On t’eût admise à cause de moi, qui suis la pureté même ; car j’ai été pur dans un temps où tout était embrené. » Il hésita donc. Quelques avances de M. Decazes, alors ministre, ne le trouvent pas complètement insensible. Mais la pente de sa nature était trop forte ; elle l’entraînait à l’opposition qui lui offrait l’emploi des qualités de son esprit et des défauts de son caractère. La première circonstance devait déterminer la résolution d’un homme aussi disposé au dénigrement ; cette circonstance fut son échec dans sa candidature à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, où il désirait remplacer M. Clavier, son beau-père ; échec qui motiva sa Lettre