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sion. N’importe, aussi prompt à courir à la bataille qu’à la quitter, il se glisse comme ami dans l’état-major d’un général d’artillerie et, sans fonctions et sans qualité bien décidée, il arrive à la grande armée. « Il ne savait pas, dit Armand Carrel, ce que c’était que la guerre comme Bonaparte la faisait. Il ne vit rien, ne comprit rien, ne sut que faire dans les quarante-huit heures qu’il passa dans la célèbre île de Lobau, pendant la grande destruction d’hommes d’Essling et de Wagram. La fatigue, la faim, eurent bientôt triomphé de l’illusion qui l’avait amené. Il tomba d’épuisement au pied d’un arbre, et ne se réveilla qu’à Vienne, où on l’avait transporté. Aussi prompt à revenir qu’à se prendre, il quitta la ville autrichienne comme il avait quitté Paris, sans permission, sans ordre, et il alla se remettre en Italie des épouvantables impressions qu’il était allé chercher à la grande armée. »

Ici s’arrête la vie militaire de Paul-Louis Courier. Dès qu’il aura vidé sa querelle avec le ministre de la guerre, qui voulait le faire poursuivre comme déserteur, il appartiendra tout entier à la vie littéraire. Ce fut dans cette situation que la restauration le trouva, démissionnaire, mécontent, assez mal noté, se félicitant dans ses lettres « d’avoir laissé son vil métier, » et menant en Italie la vie d’un oisif lettré, d’un épicurien intellectuel qui jouit des beautés et des trésors littéraires de cette péninsule, en attendant qu’il puisse aller